DEVELOPPEMENT

ECOCIALISME

ECO-MONDISME

 

 

Réflexions de départ 3

Souplesse et manipulation. 6

Recherche désespérément profit 7

Profit financier. 7

Profit symbolique. 9

Les conditions du dépassement 10

Nécessité des principes. 10

Ebauche des principes. 12

Perspectives. 13

Pour un dépassement
du capitalisme

 

 

 

 

Jean-Paul Foscarvel

 

Septembre 2005 –Décembre 2006

 

Ebauche de réflexions, dont certaines peuvent à des yeux aiguisés passer pour chaotiques

 

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Réflexions de départ

Comment ? Une société plus adaptée à la préservation de la planète et à l’émancipation des individus. C’est-à-dire par forcément le développement. Par ailleurs, la notion de durable elle-même est problématique : durable, oui, mais combien de temps ?

 

Le dépassement par l’obtention d’un degré supérieur d’adaptation sociétale.

 

Une société fractale, donc.

 

Fractale et régulée : comme dans la physiologie, l’essentiel réside dans les règles que la société se donne à elle-même, règles et principes acceptés par tous, ou au moins la plus grande majorité possible, et dont le but est de bénéficier à tous, ou au moins au plus grand nombre possible.

 

C’est-à-dire, ces règles, tant politique qu’économiques, en soi sont opposées au principe même du capitalisme, sur le plan social, et économique.

 

Développement durable : cela signifie qu’on se développe jusqu’à la catastrophe, tout en souhaitant que cela dure le plus longtemps possible. Au fond, c’est l’équivalent, en plus acceptable, du Casino capitaliste : je joue jusqu’à la mort.

 

Non ! Il faut un autre concept, plus permanent que durable (derrière la notion de durable, il y a combien de temps ?), c’est-à-dire stable.

 

Par ailleurs, chaque individu doit avoir tout son droit préservé, et non confisqué pour des raisons de pouvoir (les privilégiés ont le pouvoir qui leur donne le droit de conserver ces privilèges).

 

Une société juste, non au sens de justice, mot dévoyé qui renvoie aux procès gagnés par des avocats véreux pour de richississimes clients, mais au sens de justesse : ce qu’il est juste de décider, de choisir, pour le bien de tous et du plus grand nombre, non pour le malheur de notre avenir et le bien de l’élite.

 

Justesse et stabilité. Serait une devise adéquate, car la liberté dans une époque de fausse fraternité n’est que l’abolition définitive de toute égalité : la liberté infinie de l’oligarchie jouissive.

 

La justesse pour les individus, la stabilité pour la préservation de la planète, et de l’humanité dans son ensemble. Ce qui nous fait renoncer à la croissance à tout prix. La croissance à tout prix est-elle le travail sans frein de la pulsion de destruction universelle ?

 

Cela signifie une société démocratique, autorégulée, avec des entités non pas autogérées car l’autogestion ne garantit en rien que l’hybris ne finira pas par l’emporter, mais multigérées avec des critères qui peuvent être même parfois contradictoires. Mais ne sont en aucun cas la maximalisation du profit des propriétaires : supprimer l’actionnariat est un devoir que l’humanité doit imposer pour survivre. A la rigueur, le remplacer par l’emprunt, mais l’injustice fondamentale d’une dette infinie sous prétexte que tel a pris des risques en soustrayant une infime part de ses revenus à sa jouissance propre est l’imposture même du système capitaliste. La preuve que son dépassement est une condition de la survie de l’espèce.

 

Le capitalisme est une telle imposture que ne pas vouloir le dépasser est se condamner à disparaître du globe.

 

Il s’agit au fond d’une évolution souhaitable de la société humaine, si l’homme veut perdurer. Permettre à tous et à chacun le juste développement de sa personne dans le respect d’autrui et de l’ensemble.

 

Le capitalisme résonne à l’inverse : permettre à une minorité d’accumuler sans limite les richesses et les pouvoirs, quelles que soient les conséquences sur les individus et le monde. Le caractère d’adaptabilité a pour limite la préservation du monde, et le seuil d’acceptabilité que les individus peuvent supporter.

 

Sa capacité de réaliser du profit s’est accrue par extension de la sphère de production de biens matériels à celle de la production d’information, il est en train de l’étendre encore à la capacité d’exploitation elle-même qui se trouve exploitée comme créatrice de taux de profit, c’est l’exploitation au carré. Afin de perdurer, l’une des capacités essentielles pour lui, quoique ne créant pas directement du profit (quoiqu’il faudrait analyser), est la capacité de manipulation, qui est la base actuelle de tout son édifice. Sans elle, nul exploité ne saurait actuellement accepter sa condition, sachant que l’entreprise ne constitue plus, comme elle le fut, un lieu de relatif préservation de la misère, les entreprises n’hésitant plus à se débarrasser de leurs employés du jour au lendemain.

 

Non seulement les humains sont exploités, corps et âmes, proprement dit, mais ils sont éliminés à la moindre baisse de profit.

 

Ni l’efficacité, ni le rendement, ni la productivité, ne peuvent mettre à l’abri du chômage des pans entiers de l’économie réelle. Les économistes capitalistes arrivant à croire que la valeur des entreprises est indépendante de ce qu’elles génèrent comme profit, tout en continuant à faire croître son taux par tous les moyens imaginables.

 

La recherche du taux de profit à tout prix fait alors entrer le spéculateur dans l’irrationnel pur, dont la conséquence est l’excès des marchés boursiers et la destruction systématique des lieux de production. L’homo faber est honni de nos sociétés qui ne gardent que l’homo mercantilis. Ou celui qui exploite et manipule les autres.

 

Société absurde de l’autodestruction par la recherche de profit.

 

Société à remplacer par le recentrage sur l’être au lieu de l’avoir.

 

Le principe Fondamental de conservation de l’humanité, en lieu et place des droits de l’homme, qui se réfèrent avant-tout au droit de propriété, et celui des Etats, et qui génère chez l’individu un égoïsme de droit, qui abolit toute fraternité. « J’ai le droit d’ignorer la détresse qui t’habite », semble dire l’occidental à tout être humain tombé, ou né, dans la misère la plus sordide. Le doit au bonheur, américain, implique même que c’est un droit de faire tomber une partie de l’humanité dans l’horreur, afin de préserver son bonheur propre.

 

Donc, au-delà d’un droit pour chacun au développement durable, qui, en tant que droit, peut également sombrer dans la même ornière, selon que tel ou tel mot est privilégié (le développement par rapport au côté durable, par exemple), il s’agit d’élaborer des principes fondamentaux qui permettent à l’homme de survivre avant toute chose. Le reste vient de la capacité à aller au-delà de ce principe. Mais tout au-delà qui le nie doit être aboli. Cela donne une idée de l’échec du capitalisme à construire une société pour tous, plutôt que de donner des droits illimités à quelques-uns uns.

 

La tare fondamentale du capitalisme réside dans ce droit abstrait qui n’est qu’applicable à ceux qui ont les moyens d’en référer au système de loi, avec ce que cela comporte de juges, d’avocats, de procureurs, tous confortablement rétribuées, et hors de la portée économique d’un être mourrant de famine, de malnutrition, isolé dans son taudis ou abandonné à la rue. Les droits de l’homme sont un luxe inutile pour les populations agonisantes. Telle qu’elle est conçue actuellement, la démocratie est censitaire.

 

Quant à l’ONU, il lui faut une institution parallèle, un parlement mondial où chaque Etat peut être représenté en proportion de sa population. Libre à chaque Etat d’organiser comme il l’entend sa représentation, avec conseil de respecter la démocratie par l’organisation d’élections au suffrage universel (l’incitation peut être accompagnée de représentants supplémentaires en cas d’accord).

 

Par exemple, 1 élu pour 5 Millions d’habitant jusqu’à 50 millions, puis un pour 10 millions jusqu’à 100 millions, puis un pour 50 au-delà.

 

Une alternative au monde ultracapitaliste doit en passer par l’élaboration de tels principes, en dehors desquels les opposants peuvent s’entre détruire pour des idées préétablies à l’avance, ou des causes religieuses ou morales qui auront pour but soit la purification, soit l’application d’un modèle universel impraticable. L’intégrisme  musulman est une alternative au capitalisme, mais elle remplace le pire par le plus pire encore, en voulant détruire physiquement tout ce qui constitue un obstacle à son extension. Le totalitarisme libéral, qui laisse, par sa souplesse même, des champs de résistance, est alors remplacé par un totalitarisme dur, néofascisme religieux brutal et pervers, qu’on peut qualifier de « théofascisme ». Une telle société ne peut en aucune façon dépasser le capitalisme, n’étant mieux adapté ni à la planète qu’elle nie, ni à l’individu qu’elle opprime ou détruit, au nom de la révélation divine qui doit tout décrire. Il n’y a là qu’un ignoble retour au moyen-âge, une impasse où de façon incompréhensible une partie de l’humanité veut s’enfermer jusqu’à s’autodétruire.

 

 

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Souplesse et manipulation

Le système se perpétue par la manipulation des populations centrales grâce au réseau médiatique. Le but de ce réseau est l’obtention du libre consentement au système des classes intermédiaires, de couches moyennes, qui sont les piliers du système. Sans cela, tout pourrait s’écrouler rapidement, comme ce fut le cas en Argentine.

 

L’enjeu actuel est de faire partager à ces populations la croyance en la positivité du libéralisme à outrance. Prendre le citoyen, et le réduire au consommateur est le meilleur moyen pour atteindre ce but. Faire croire que la privatisation généralisée aboutira à une amélioration de la qualité des produits, ou services, tout en en diminuant le coût.

 

Le but réel étant bien entendu de diminuer la part de profit prélevée par l’Etat et de faire payer au prix fort des services dégradés pour le plus grand nombre. La cible actuelle (en France, et en Europe) est l’enseignement, qui devra être inégalitaire et ne rester de qualité que pour les enfants de la bourgeoisie centrale.

 

La souplesse du système, liée à la manipulation, est telle qu’il peut sans souci majeur pour lui-même, grâce notamment à la division des populations, à base ethnique ou sociale, éliminer socialement une partie, pour lui inutile, du peuple. Les réactions face à cette destruction systématique sont relativement limitées, comme on peut le voir en France actuellement, où le gouvernement décide de réduire les prestations sociales, attaque les services de santé, réduit la recherche à ce qui est profitable immédiatement, fait travailler les vieux et exclue les jeunes, emprisonne les pauvres et les indésirables.

 

La capacité de manipulation est ainsi devenue un enjeu majeur, dans la mesure où elle conditionne directement la survie du capitalisme même.

 

 

 

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Recherche désespérément profit

Profit financier

 

Aujourd’hui, la capacité à trouver du profit devient toujours plus problématique.

 

Dans les années quatre-vingt, une révolution s’est produite, par l’intégration de la conception, de l’information, dans le profit. A partir de cette date, les ingénieurs ont réalisé directement du profit, ce qui n’était pas le cas dans l’économie classique analysée par Marx.

 

Cette révolution a permis de dégager des sources formidables de profit sur la qualité d’information, tout en restant au niveau des investissements dans des conditions avantageuses. La production, pour continuer à dégager des profits, a déplacé ces lieux vers les pays émergents, à main d’œuvre rationnelle et pauvre. Il s’en est suivi une crise de l’emploi dans les pays centraux, dont la population périphérique devenait inutile, d’où la destruction de l’Etat Providence, qui entretenait, aux yeux du capitalisme, des travailleurs chers et surnuméraires.

 

Ce phénomène s’est d’abord produit dans l’informatique, l’électronique, puis dans l’automobile, aujourd’hui au niveau de l’agriculture par la mise en place des OGM, qui garantissent un taux substantiel par la fabrication de codes génétiques. D’autres domaines vont probablement intégrer ces techniques, comme l’habillement, afin d’homogénéiser les taux.

 

Ces transformations ont permis un temps d’améliorer la rentabilité du capital. Mais l’inconvénient de la valeur comme qualité d’information est qu’elle contient une part subjective, et qu’elle doit, du fait de la concurrence, être constamment maintenue. Il s’ensuit qu’à terme, les taux finissent par redécroître, l’innovation n’étant pas infinie.

 

On voit, notamment par l’échec d’Internet et des « start up » qui devinrent rapidement des « start down », que cette recherche a des limites. Aujourd’hui, l’enseignement est attaqué, car il permet le même genre de profit, différé par l’enseignement à distance, ou sur programmes vendus à des millions d’exemplaires, pour lesquels le produit réel devient inexistant lorsque le programme est téléchargé via Internet. Mais là encore, le piratage, notamment, diminue l’efficacité du processus.

 

D’autre part, l’extension du domaine du privé est elle aussi limitée. En Angleterre, ils reviennent sur les privatisations des réseaux ferrés, dont l’exploitation se trouve désastreuse, sans pour autant générer autant de profit qu’escompté : l’entretien des voies nécessite du personnel réel, et donc réduit à néant l’espoir de profit différé. Il n’y a par ailleurs aucune information dans ce domaine.

 

Dans tout ce qui concerne l’environnement et l’énergie (en dehors du pétrole qui est une matière première, non une énergie, et produit des profits par la vieille méthode du profit réel comme temps de travail en termes analysés par Marx), de tels déboires sont à craindre, car il s’agit non pas de profits différés, ni même de profits réels de transformation, mais de profits « fantasmés », issus, comme les profits dégagés à partir de sites gratuits sur Internet, de l’imagination délirante des décideurs capitalistes, qui ne comprennent plus rien de leur propre fonctionnement. Peu importe : ces entreprises feront faillite, les gens n’auront plus d’eau, de gaz, d’électricité, et l’Etat comblera les déficits pour le plus grand bien des managers. Mais il s’agit là d’un autre type de capitalisme, qui pompe directement les finances d’Etat pour son profit.

 

Il reste donc peu d’ouvertures, à moins d’innovation soudaine. A moins d’entrer dans une ère mafieuse.

 

Il est à craindre que la nouvelle période ne s’ouvre sur des horreurs sans nom, où le capitalisme mondialisé sera avant tout mafieux.

 

Là aussi, la manipulation est en cours. Les films hollywoodiens ont pour fonction essentielle de rendre acceptable une société où le crime est quotidien, la violence admise, et la mafia victorieuse de l’Etat qui n’est plus qu’un squelette désarticulé impuissant devant la guerre civile que les parties adverses se font. Le modèle libéral est alors poussé jusqu’au bout, puisque seul un justicier privé payé par l’Etat, ou la municipalité, peut rétablir un ordre éphémère. Il est dans ces films toujours question de meurtre au nom du profit escompté sur le meurtre, jamais d’autre chose. On peut parler de « profit d’élimination », et de plus-value d’élimination, qui est le rapport entre l’investissement nécessaire à accomplir le meurtre et le profit généré. Mais le meurtre n’est pas le seul créateur de profit : le trafic d’esclaves, d’organes, et de toutes autres choses plus ou moins horribles, sans parler du trafic d’armes favorisé par les guerres que mènent les Etats Unis. 

 


Profit symbolique

 

Au-delà et en deçà du profit financier, fondement du capitalisme, existe un type de profit, plus insidieux, plus sournois, et cependant dont la durée s’étend avant et pourrait s’étendre après le capitalisme, le profit, et plus précisément, l’exploitation symbolique.

C’est ce type de profit qui, après la nationalisation des grandes entreprises par exemple, remplace, ou plutôt reste, après la disparition de l’appropriation capitaliste du profit financier. Car il lui, de fait, antérieur. Il est probable qu’il en a été la condition première, celle sans laquelle le profit capitaliste n’aurait vu le jour.

Il s’agit d’acquérir des biens symboliques produits par d’autres, ou de faire délibérément produire ces biens symboliques. Un directeur de laboratoire signe des articles qu’il n’a pas écrit, voire même qu’il ne comprend pas, un écrivain renommé fait écrire ses ouvrages par d’autres, etc.

 

Mais ce qui est, ou devrait être exceptionnel dans l’art est de coutume dans l’industrie, autrefois l’artisanat. Le développement des vaccins, l’ingénierie des automobiles, le cinéma de Hollywood, dans les structures modernes de la « création » capitaliste, ont pour résultat de minimiser la part y compris symbolique de ce que les auteurs réels apportent, au profit des décideurs, qui s’approprient le travail d’autrui par l’usage qu’ils en font, notamment au travers des marques.

 

Aujourd’hui ce phénomène s’étend par exemple aux architectes, ou aux créateurs de mode. Il suffit que le « grand maître » signe pour que l’on pense qu’il s’agit de son travail. En fait, une équipe d’anonymes travaille pour lui, et la renommée du grand créateur perdure, même si plus aucune création réelle ne sort de son cerveau. Il y a bel et bien usurpation par le nom, qui une fois reconnu ne peut plus être critiqué, mis à l’épreuve de la réalité, jaugé selon la réalité de ses productions.

 

De la même façon, et d’une façon plus visible encore, si le journaliste du journal télévisé est connu de tous, ce n’est en fait qu’un acteur qui se contente de lire de la bonne façon un texte auquel il n’a pas contribué. Les auteurs réels de ces textes constitueront, eux, la longue cohorte des anonymes du show biz.

 

La propriété intellectuelle ne revient pas à l’auteur, mais à celui qui possède les capitaux nécessaires à faire travailler l’auteur, ou à son représentant.

 

A l’usurpation financière s’en ajoute une autre, moins visible quoique tout autant présente et importante, qui nous aveugle et sournoisement nous fait admettre cette imposture.

 

 

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Les conditions du dépassement

Le système l’a compris, c’est dans les têtes qu’il doit s’inscrire afin de subsister malgré la menace qu’il fait courir aux populations.

 

Actuellement, il assure ses réserves énergétiques par des guerres. Il va devenir violent à mesure que ses capacités à générer du profit vont diminuer. Les peuples n’ont qu’à bien se tenir. Car il ne s’agit pas de manipuler n’importe qui. Les peuples des pays périphériques n’ont pas à l’être, puisqu’ils doivent être soit réduits à néant, pour ceux qui n’ont qu’une faible capacité technique, soit être réduits en exploitation pour les autres. 

 

Les conditions du dépassement passent donc par la prise de conscience des populations victimes, mais aussi de celles qui se croient privilégiées par lui, et sont en fait conditionnées.

 

La transformation ne se fera pas de façon subite, par la prise de pouvoir au niveau étatique, car les Etats, on l’a vu, ne sont plus rien, en dehors peut-être du Centre de l’Empire.

 

C’est au niveau des structures que les choses peuvent évoluer, par étapes progressives, par prise de conscience de cercles élargis de la population, par la mise en œuvre concrète de moyens d’agir, par la publication d’ouvrages d’analyses et de divulgation du caractère réel du système.

 

Il existe des instances qui ont pour but d’élargir la capacité du système à créer du profit, que sont le FMI, la Banque Mondiale, l’OCDE, et la Commission Européenne. Ce qui aujourd’hui constitue une menace peut demain être un levier par lequel on peut modifier le système.

 

C’est en édifiant une résolution des Principes Fondamentaux de la Conservation de l’Humanité qu’un pas peut être franchi, suivi par d’autres, jusqu’à ce qu’une percolation intervienne au sein de populations du monde.

 

D’autre part, les médias, comme moyens universaux de manipulation, peuvent aussi être utilisés en contre-emploi, même si cette utilisation est dangereuse et demande à être maîtrisée avec particulièrement d’attention. Il s’agit en effet d’une arme de manipulation, voire de destruction, massive.

 

 

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Nécessité des principes

Pourquoi des Principes Fondamentaux de la Conservation de l’Humanité, plutôt qu’un Droit Personnel au Développement Durable ? 

 

Il apparaît que le développement durable est l’un des moyens par lesquels le système compte se maintenir en ouvrant le secteur de l’environnement à la privatisation et aux marchés. Il s’agit, non de développer les individus en respectant la planète, mais de réaliser des profits sur la détresse écologique et humaine qu’il a créée.

 

Quoique l’idée de ce droit a priori soit positive, son utilisation à outrance, comme une langue de bois devient un slogan creux. Par ailleurs, le type de développement est lui-même en cause. Le chemin qu’un individu effectue au cours de sa vie est une évolution, qui lui fait découvrir, vivre, des choses magnifiques ou terrifiantes, il ne doit pas forcément se développer le long de sa vie. Le mésusage du développement personnel peut conduire, par exemple à envisager de  supprimer les retraites, ce qui est une aberration.

 

Plutôt que de constituer un paravent idéologique, il s’agit avant tout de sauver les plus démunis, en priorité, d’où la notion de conservation.

 

Par ailleurs, un principe est plus fort qu’un droit, il a plus d’exigence. Un droit est lié à un Etat, une institution, qui octroie le droit. Les droits de l’homme sont octroyés par les institutions, et ne considèrent pas la responsabilité que donne ce droit. Le droit de l’homme est devenu un droit d’agir comme bon il semble à tout individu sans souci des autres. C’est le droit du plus fort, du propriétaire, de celui qui connaît la législation. Il n’y a pas d’égalité devant la loi entre celui qui sait, et celui qui ignore. Les droits de l’homme ne sont pas à rejeter, lorsqu’ils protègent de la tyrannie, mais à englober dans un principe supérieur qui empêche un usage fallacieux, qui peut également conduire à une tyrannie de droits de l’homme. Lorsque l’OMC demande à ne pas mettre de barrière douanière à l’importation d’amiante, il s’agit bien de cette tyrannie là. Dans ce cas, les droits de l’homme et leur extension aux sociétés commerciales ont pour conséquence la mise en cause de la survie des hommes.

 

A partir de ces principes, intangibles et acceptés par la plupart, un modèle de société peut être construit, à base universelle, mais à réalisation concrète locale, tenant compte des différences, notamment entre les sociétés du Nord et celles du Sud, et s’appuyant sur la prise en compte critique des traditions locales.

 

 

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Ebauche des principes

Les principes fondamentaux devraient partir de la nécessité à la fois d’assurer la vie de l’humanité dans un environnement satisfaisant, donc en résonance positive avec cet environnement, et d’autre part le droit à chacun d’avoir une vie correcte, c’est-à-dire de bénéficier des droits de l’homme, de penser et d’agir, dans le respect d’autrui, mais aussi des droits sociaux et économiques, sans lesquels ces droits n’existent pas.

 

La difficulté est de lier à la fois les principes à une vue globale, générale, et personnelle, particulière. Mais les deux termes doivent être appréhendés, sans quoi les principes ne sont que parcellaires.

 

Lorsque l’aspect particulier est mis en avant, d’une part les torts causés à autrui par l’usage du droit d’un individu sont minimisés, d’autre part le plein usage d’un droit sans limite peut avoir des conséquences fâcheuses, surtout s’il est lié au droit de propriété au sens capitaliste du terme : le droit d’un industriel à polluer son environnement prévaut sur celui des employés, ou des habitants, à avoir une vie saine. Aujourd’hui la volonté sans limite d’une élite menace directement la survie de l’humanité, par son hybris infinie au nom des droits de l’homme, vus comme droit à disposer de tous les moyens pour satisfaire sa jouissance propre, sans se soucier des conséquences.

 

Lorsque l’aspect global l’emporte, lorsque ses limites ne sont plus établies, l’individu se retrouve alors oppressé dans un système justifié par des considérations globales. La vie des personnes peut se trouver menacée au nom de l’intérêt général, ce qui finit toujours par aboutir sur une dictature ou un système totalitaire.

 

C’est l’équilibre et la continuité éthique des structures et des règles qui peut seule garantir le respect des personnes et la poursuite de l’aventure humaine.

 

L’une des remises en cause fondamentale est le droit à la propriété lorsque celui-ci s’étend au droit à la propriété sociale, c’est-à-dire au droit à disposer des êtres pour faire fructifier son avoir.

 

 

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Perspectives

Il s’agit de changer le monde pour nous sauver.

 

L’offensive ultralibérale est à son plein régime. Mais elle connaît déjà de nombreux ratés. Comme si peu à peu la réalité de sa signification finissait par apparaître malgré la manipulation médiatique.

 

Il ne s’agit pas d’un complot, mais d’un mécanisme mis en œuvre par des acteurs qui agissent pour leurs intérêts propres (carriérisme), sans toujours savoir ce qu’ils font (certains le savent très bien par ailleurs, notamment les fondateurs de l’école néolibérale). Mais cela aboutit à un processus à l’aspect irréversible.

 

La chance que nous avons est que l’aspect dangereux de la mise en œuvre de ce processus devient de plus évident, les destructions qu’il opère ne peuvent plus être ignorées. Les grippages sont manifestes, et les contestations se généralisent.

 

Mais pour le dépassement du système capitaliste, il faut un projet sérieux, partagé, qui fait l’analyse profonde des causes des échecs des systèmes alternatifs (différents socialismes, et autres tentatives), qui soit à la fois souple pour s’adapter aux aléas de l’histoire et solide pour permettre à chacun de vivre correctement sur une planète saine.

 

Il faut également que nous acceptions l’idée que la croissance et l’accumulation des biens matériels n’est plus possible indéfiniment.