Les joies du libéralisme médical
Privatisation de la santé ? La question se pose.
Oui, oui !
Dit le petit bourgeois.
Je
ne paye pas pour les autres, moi !
Il se gratte la tête.
Regardez, tous ces pauvres qui
ne travaillent pas et abusent. De médecin en hôpital, ils dépensent sans
compter. Privatisez ! Privatisez !
Il opine du bonnet.
Je ne veux pas qu’ils profitent
de mes impôts ! Et puis, s’ils sont malades, tant pis pour eux ! Que
les malades payent leurs maladies et n’importunent pas les bien portants.
Il sent comme un léger raclement dans sa gorge.
Moi, je vais bien, alors,
pourquoi contribuerais-je ?
Il toussote.
Bon, une assurance, je veux
bien, au cas où. Mais puisque je ne dépense pas, je ne coûte rien à la société,
je ne vois pas pourquoi je contribuerais plus que ma part.
Il tousse.
Bon, les petites maladies, ça se
discute. On a tous un petit rhume. Mais il ne faut pas exagérer. Après, les
pauvres en profitent. Oui, ils sont hypocondriaques. Les soigner, mais juste ce
qu’il faut. Après, ils payent, plein pot. Ou ils contractent une assurance.
Il tousse très fort, ce qui l’empêche un temps de parler.
Moi par exemple, le jour où…
La toux le prend tout le corps, il a du mal à respirer.
Le jour où je sentirai….
Il tombe.
Que Je ne… suis…Qu’est-ce qui
m’arrive ?
Il crie.
A l’aide !
On entend une voix au loin.
Quel est votre clause de
contrat ?
Il répond dans un dernier râle.
Bas… basique…
L’intervenant apparaît.
La clause basique ? Dans
votre état, il faudrait vous transporter d’urgence à l’hôpital. Le transport
n’est pas dans le contrat. Désolé, je ne peux rien pour vous.
L’intervenant repart.
J’aurais dû…
Il meurt.